Avec plus de 180 satellites mis en orbite, ARIANE 4 mettait en février 2003 un point final à 15 ans d'activité, passant la main définitivement à ARIANE 5.
Un lancement parfait, à l'image de la carrière exemplaire à laquelle la destinait l'Agence spatiale européenne en 1982.
Avec plus de 97 % de réussite, son dernier vol était plus symbolique que stratégique : l'ultime client d'ARIANE 4 était également le tout premier client de la filière, signant 2 contrats de lancement avant même le vol inaugural d'ARIANE 1.
L'organisation de télécommunications internationale Intelsat confiait ainsi son 23ème satellite au lanceur européen.

Si l'Europe tout entière est mobilisée aujourd'hui pour assurer l'avenir, c'est néanmoins une page de l'histoire de l'Europe spatiale qui s'est tournée.

même les plus belles histoires ont une fin. C'est un peu ce que doivent se dire ce matin tous les techniciens du centre spatial de Kourou, en Guyane,à l'occasion du lancement de la 116e fusée Ariane 4, qui devait emporter aujourd'hui à 8 heures (heure française) un satellite de télécommunications Intelsat.Ce vol sera en effet le dernier de ce modèle.« La décision est irrévocable,assure Claude Sanchez,de la société Arianespace, qui commercialise l'engin. Elle a été prise il y a deux ans, et les chaînes de montage n'existent plus. » Ariane 4 n'a pourtant pas démérité, loin de là, depuis son baptême du feu,en 1988.« C'est le meilleur lanceur classique du monde,se réjouit Claude Sanchez.Sur 115 lancements,112 ont réussi,et nous en sommes à 73 d'affilée sans problème.Soit un taux de réussite de plus de 97 % ! »Alors, pourquoi cette mise à la retraite après quinze ans de bons et loyaux services ? « D'abord, parce que les satellites sont devenus de plus en plus gros.Notre succès, nous l'avons bâti sur le concept du lancement double. Autrement dit,une fusée met sur orbite deux satellites, ce qui permet d'importantes économies. Mais, au fil des années,les satellites ont pris du poids. L'Intelsat qui part ce mercredi pèse 4,7 tonnes, et la capacité d'Ariane 4 n'est que de 4,8 tonnes. Ce n'est plus suffisant.»Une forte concurrence Autre raison,les technologies employées à bord de l'engin ne sont pas«les mieux adaptées et les plus efficientes »,reconnaît Arianespace. Enfin, la concurrence, essentiellement américaine et russe,fait rage.Un nouveau modèle plus puissant,Ariane 5,a donc été mis au point.Mais sa version la plus performante, capable d'emporter 10 tonnes,a dû être détruite en vol lors de son premier tir, le 11 décembre.Depuis,l'avenir de Kourou et d'Arianespace s'est singulièrement assombri,avec ajustements de personnel à la clé.Pourtant, la société affirme avoir déjà mis au point une parade.«Le premier essai de l'Ariane 5 10 tonnes a été un échec. Mais il faut se souvenir que, auparavant,l'Ariane 5 dite générique,capable de transporter 7 tonnes, avait effectué 12 vols parfaitement réussis, argumente Claude Sanchez. Le 31 janvier, nous avons donc pris la décision de commander aux constructeurs six Ariane génériques.A nous maintenant de jongler avec notre carnet de commandes, afin d'apparier les satellites de différentes tailles pour qu'ils puissent partir deux par deux».