La JAXA (Japan Aerospace Exploration Agency) a dévoilé son programme pour l'année fiscale 2011 (qui débute en avril au Japon) dans un communiqué de presse datant du 6 avril. La JAXA présente son calendrier des lancements pour l'année en cours ainsi que les principales activités sur lesquelles elle se concentrera.

L'agence spatiale japonaise prévoit pour 2011 le lancement du satellite GCOM-W1 sur une fusée H-IIA. Il s'agira du premier satellite du programme GCOM (Global Change Observation Mission) qui devrait à terme en compter six. Sa mission concernera la surveillance du cycle de l'eau et il sera notamment chargé de mesurer la température des océans, les niveaux de précipitation, l'humidité des sols et l'épaisseur des couches de neige. Ces données contribueront à nous apporter une meilleure compréhension des processus de changements climatiques. GCOM-W1 sera équipé du radiomètre AMSR (Advanced Microwave Scanning Radiometer) capable de collecter des données sur l'eau jour et nuit quelles que soient les conditions météorologiques.

Le lancement du troisième HTV (H-II Transfer Vehicle) sur une fusée H-IIB devrait avoir lieu en janvier 2012. Comme ses prédécesseurs, il permettra de ravitailler l'ISS (International Space Station) en vivres, équipement, pièces de rechange et matériel d'expérience scientifique pour le module Kibo.

L'astronaute japonais Satoshi FURUKAWA s'envolera pour l'ISS fin mai à bord d'un vaisseau Soyouz. Il séjournera environ six mois dans la Station. Satoshi FURUKAWA est spécialisé en médecine spatiale et intégrera l'équipage de l'ISS en tant qu'ingénieur de vol. Il sera en charge de différentes expériences scientifiques ainsi que du maniement du bras robotique de la Station.

Cette année, la JAXA fournira le radar DPR (Dual-frequency Precipitation Radar) à la NASA. Ce radar équipera le satellite principal de la mission GPM (Global Preciptation Observation), dont l'objectif est la mesure des précipitations à l'échelle mondiale. Le satellite sera assemblé et testé aux Etats-Unis, puis lancé sur une fusée H-IIA en 2015.

La JAXA se consacrera également à la poursuite du développement de différents projets en cours : GCOM-C1 (suivi du changement climatique), ALOS-2 (satellite radar d'observation des terres émergées), EarthCARE (satellite de l'Agence Spatiale Européenne pour la mesure des aérosols dont le Japon fournit le radar CPR - Cloud Profiling Radar), Bepi-Colombo (mission d'exploration de Mercure), ASTRO-H (télescope d'observation dans le domaine des rayons X), plateforme pour le développement de petits satellites scientifiques, Epsilon (fusée légère à propergol solide), Hayabusa-2 (sonde d'exploration d'astéroïde), perfectionnement de technologies pour l'aéronautique.

Le MEXT (Ministry of Education, Culture, Sports, Science and Technology) a demandé à la JAXA d'avancer la mission qui succèdera au satellite d'observation ALOS-1. Les lancements des satellites ALOS-2 (satellite radar) et ALOS-3 (satellite optique) seront donc, dans la mesure du possible, avancés d'un an chacun, soit 2012 pour ALOS-2 et 2014 pour ALOS-3. Par rapport à ALOS-1, la précision radar passera de 10m à 3m, la précision optique de 2,5m à 0,8m et le temps de traitement des images sera divisé par deux, les données devenant disponible après seulement 30 minutes contre une heure actuellement. L'un des objectifs du ministère est d'obtenir un meilleur outil d'observation des catastrophes naturelles, telle celle ayant frappé le Japon le 11 mars 2011.

La JAXA continue d'enquêter sur les causes de l'échec de la sonde Akatsuki à se placer en orbite autour de Vénus. Elle tentera de guider la sonde vers une orbite qui lui permettra de revenir sur Vénus dans quelques années. La JAXA fera également le bilan de ses recherches sur la technologie de propulsion au gaz naturel liquéfié et définira son plan d'activité dans ce domaine. Concernant l'analyse des échantillons prélevés sur l'astéroïde Itokawa lors de la mission Hayabusa, un appel d'offre international sera lancé. Enfin, la JAXA souhaite renforcer sa collaboration internationale avec les industries et les organisations du secteur spatial.

Lors d'une conférence de presse donnée le 14 avril, le président de la JAXA, M. Keiji TACHIKAWA, a évoqué les dégâts subis par l'agence spatiale suite au séisme du 11 mars. Au Centre Spatial de Tsukuba, une partie du faux-plafond du quatrième étage de la Space Station Operation Facility s'est effondrée mais a depuis été réparée. Une portion du mur du Spacecraft Integration and Test Building a également été endommagée et les systèmes de ventilation arrêtés. Heureusement, le satellite GCOM-W1 ainsi que les capteurs développés dans ce bâtiment sont indemnes. L'état de certains des équipements de test est toujours en cours d'inspection. Le contrôle du module Kibo et du cargo ravitailleur HTV-2 a du être temporairement délégué à la NASA avant de reprendre à Tsukuba le 22 mars. La mission du HTV-2 s'est tout de même achevée par un succès le 30 mars. Le Centre Spatial de Kakuda a lui aussi été touché par le séisme. Dans le High Altitude Test Stand (HATS), qui sert à tester le moteur LE-5B équipant le second étage des fusées H-IIA et H-IIB, une fuite est apparue sur un réservoir d'azote liquide et des boulons situés à la base d'un réservoir d'azote gazeux ont cassé ou subi des déformations. Selon M. Tachikawa, la programmation des tests sur les deux sites est en cours de révision et le niveau de priorité des missions sera pris en compte afin de minimiser l'influence des dégâts.

Sur le plan budgétaire, la JAXA réduira ses frais de fonctionnement et de personnel de 1%, comme elle le fait chaque année depuis 2007. L'agence japonaise précise que son programme pour l'année 2011 sera probablement sujet à des modifications lorsque l'influence des dégâts causés par le séisme de la côte Pacifique du Tohoku sera clairement déterminée.